Carte Postale de l’île Petermann

Jeudi 10 février, en mer toute la journée.  Nous entamons notre remontée de la péninsule occidentale du continent.

Le matin, présentation par le Commandant et le Chef-Mécanicien des caractéristiques techniques du navire. Pour l’avant-projet, l’Armateur a retenu un Bureau d’Etudes finlandais qui a aussi conçu les brise-glaces nucléaires de l’armée russe. La coque a été fabriquée en Roumanie et habillée en Norvège. Il ne peut rien nous arriver, si ce n’est que cette réflexion provoque toujours chez moi une petite pensée émue pour Léonardo Di Caprio, embarqué, à une autre époque, sur un vaisseau dont on vantait aussi le caractère insubmersible.

Navigation plus secouée en début de soirée. La dernière fois que j’ai été malade en mer j’avais 5 ans etc’était en 1961 durant une traversée entre Ostende et Douvres où la compagnie maritime n’avait pas encore équipé ses malles postales de stabilisateurs. Ici pas de quoi fouetter un chat mais, le soir au restaurant, je ferai attention de ne pas m’asseoir face à la mer.

Et puisqu’on parle de restauration, deux mots pour dire que ce qu’on nous sert vaut le détour voire, certains soirs, le voyage. Ce que les consultants appellent « l’expérience client » dépend pour grande partie duservice à table. Et là nous sommes très bien tombés avec Miel (Philippines), Michaël (France/USA) et Mandana (France/Iran) qui gèrent une dizaine de tables, sans oublier Jordan qui vient de Blaye et gère la cave du navire.

Qu’ils soient commis ou chefs de rang, on sent que la Compagnie encourage ses employés à exercer leurs regards comme des chefs de table et que les maîtres-mots sont travail d’équipe et polyvalence. Le ballet est parfaitement rodé dans un esprit Vieille France qui, à nos âges vénérables, nous convient très bien.

Vendredi 11 février. Débarquement le matin pour un peu d’exercice à l’ile « Pourquoi-pas ». Excursions en zodiac l’après-midi dans la Baie Marguerite. C’est l’heure de la sieste pour les éléphants de mer qui rechargent leurs batteries et ne nous adresseront pas l’ombre d’un regard.

Samedi 12 février.  Nous avons navigué toute la nuit et  nous sommes repassés au-dessus du cercle polaire.  Un splendide pavillon tricolore flotte sur pont arrière.  Le soleil est de la partie et le décor, déjà impressionnantsous la couverture nuageuse, prend maintenant l’alluredes posters publicitaires qui de tous temps ont vanté aux citadins les mérites du dépaysement.  

Nous mouillons au large de l’île Petermann où nous débarquons dans les amas de glace qui rendent les manœuvres compliquées. Croisé des manchots Papou à bec rouge en escaladant la colline jusqu’au promontoire. Avec le temps qu’il fait, on nous a gardé le meilleur pour la fin. Ce n’est pas le Mont Blanc mais ici, la vue du sommet, c’est tout comme. Aperçu au loin, au fond de la baie, un deux-mâts, venu probablement d’Ushuaïa, et qui attend sans doute la bonne fenêtre pour refaire le Drake en sens inverse.

L’après-midi, randonnée en zodiacs un peu plus loin, dans une autre baie, celle de la Salpêtrière. Rencontré nos premiers léopards de mer qui, dans ces eaux et juste derrière les orques, sont au sommet de la chaîne alimentaire. Nous terminons notre randonnée dans la un cimetière d’icebergs où il nous est donné de nous recueillir et de méditer sur la chance inouïe d’avoir pu participer à ce voyage. Et de prier pour que le retour par le Drake se fasse dans les mêmes conditions qu’à l’aller …

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La vie est un long fleuve tranquille
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